Le présent texte constitue un ouvrage de référence faisant partie intégrante de la "Banque de textes juridiques historiques" du Réseau juridique du Québec.
L'information disponible est à jour à la date de sa rédaction seulement et ne représente pas les changements législatifs et jurisprudentiels en vigueur depuis sa rédaction.
Me André Roy, avocat, Stikeman Elliott, Montréal
Table des matières
Transformation en société ouverte
Préparation de l'appel public à l'épargne
Le processus associé au prospectus
Obligations d'information continue
Ce document s'adresse aux entreprises et aux entrepreneurs qui désirent obtenir des renseignements préliminaires sur le processus relié à un premier appel public à l'épargne.
Comme vous le savez, ce processus nécessite généralement le dépôt d'un prospectus auprès des autorités réglementaires au Québec et à travers le Canada et le respect des lois applicables dans chacune des provinces et territoires du Canada.
Le présent texte fera l'examen principalement de la Loi sur les valeurs mobilières (Québec) et des Règles de la Bourse de Montréal. Certaines distinctions avec la Loi sur les valeurs mobilières (Ontario) sont soulignées dans certains cas. Les lois des autres provinces sont similaires ou moins exigeantes dans certains cas que celles du Québec ou de l'Ontario.
Certaines conditions doivent être respectées pour qu'une entreprise puisse compléter un premier appel public à l'épargne:
TRANSFORMATION EN SOCIÉTÉ OUVERTE
Avantages
L'appel public à l'épargne peut présenter les avantages suivants :
Autres considérations
Il faut examiner un certain nombre d'autres facteurs avant de prendre la décision de faire appel public à l'épargne :
Le choix du situs : au Québec, au Canada ou aux États-Unis
Au cours des années 1980, certaines entreprises québécoises, principalement à cause de la popularité du Régime d'épargne-actions du Québec (le RÉAQ), ont choisi de devenir un émetteur assujetti au Québec seulement. La majorité des émetteurs ont choisi par contre de diversifier leur distribution et de devenir émetteur assujetti à travers le Canada.
Aujourd'hui, vu la diminution de l'importance du RÉAQ parmi les investisseurs québécois (plusieurs émetteurs ne se qualifiant plus), le choix se situe plutôt au niveau d'un placement pan-canadien ou un placement aux États-Unis d'Amérique.
Depuis 1994, plusieurs sociétés dans le domaine de la haute technologie ont choisi de faire leur appel public à l'épargne aux États-Unis principalement à cause des multiples plus intéressants dans ce pays par rapport à ceux offerts sur le marché canadien.
Certains facteurs peuvent déterminer l'endroit le plus opportun de procéder à l'appel public à l'épargne. Ces facteurs sont: la nature des activités de l'entreprise et le marché principal des produits ou des services de l'entreprise. Beaucoup d'entreprises québécoises exportent et vendent la majorité de leur production aux États-Unis d'Amérique. Il est alors opportun d'envisager d'aller public aux États-Unis.
Bien que le but de cet exposé n'est pas de faire l'examen des règles applicables à un appel public aux États-Unis, il suffira de mentionner que le marché américain offrira, de façon générale, de multiples plus élevés et par conséquent une valeur de l'entreprise plus élevée. Par contre, l'environnement américain est plus litigieux et les frais et déboursés d'une telle opération sont sensiblement plus élevés qu'au Canada. Finalement, le support fourni par les courtiers des titres d'une entreprise sur le marché canadien est souvent plus soutenu que celui offert par les courtiers américains de sorte que le cours des titres cotés sur les marchés américains peuvent varier de façon plus significative que ceux cotés sur nos marchés canadiens.
Nous vous recommandons de discuter de ce point avec plusieurs intervenants dans le marché afin d'en connaître tous les tenants et aboutissants d'un placement aux États-Unis par rapport à un placement au Canada.
Blocage de titres
Un autre aspect important d'un premier appel public à l'épargne est le blocage des titres de certains actionnaires, généralement les actionnaires qui sont des dirigeants détenant plus de 5 % des actions de participation ou des actionnaires détenant plus de 10 % des actions de participation de l'entreprise. Les points importants sont les suivants:
Régime d'épargne actions du Québec (RÉAQ)
Depuis les années 1990, le RÉAQ n'est plus un facteur aussi déterminant lors d'un premier appel public à l'épargne. Cependant, il demeure un facteur important pour toute société québécoise qui s'y qualifie. Vous trouverez ci-dessous les grandes lignes des règles prévues dans la Loi sur les impôts (Québec) (la Loi) afin que les actions d'une société se qualifient suivant le RÉAQ.
1. L'entreprise doit être une corporation admissible
Pour être une corporation admissible, l'entreprise doit, à la date du visa du prospectus définitif émis par la Commission des valeurs mobilières du Québec relativement à son premier appel public à l'épargne :
2. L'entreprise est-elle une corporation en croissance
Pour être une corporation en croissance et bénéficier de la déduction maximale de 100 % permise par la Loi, l'entreprise, à la date du visa dudit prospectus définitif :
3. Les titres visés par le placement sont-ils des "actions admissibles"
Pour être des actions admissibles au sens de la Loi, les principales conditions sont les suivantes:
4. Déductions
Le particulier (autre qu'une fiducie), qui est résident du Québec le dernier jour de l'année d'imposition aura le droit de déduire, dans le calcul de son revenu imposable aux fins de l'impôt sur le revenu du Québec pour cette année d'imposition, 75% du coût d'acquisition (sans tenir compte des frais d'emprunt, de courtage, de dépôt et autres frais connexes) de ses actions ordinaires nouvellement acquises et incluses dans un RÉAQ avant le 28 ou 29 février de l'année suivante.
Cette déduction passe à 100% du coût d'acquisition pour des actions ordinaires émises par une corporation en croissance.
5. Décision anticipée
Afin de se qualifier aux RÉAQ, l'émetteur doit faire parvenir une demande de décision anticipée auprès du Ministre des finances avant le dépôt du prospectus provisoire et obtenir une décision anticipée au moment du dépôt du prospectus final.
PRÉPARATION DE L'APPEL PUBLIC À L'ÉPARGNE
Il existe un certain nombre de questions, décrites ci-dessous, auxquelles on doit s'attarder dans le cadre d'une décision de faire appel public à l'épargne. En se penchant sur ces questions à l'avance, quand la société est encore fermée, on économise à long terme énormément de temps, d'argent et d'efforts. Certaines des questions énumérées ci-dessous nécessitent l'approbation des actionnaires et peuvent être traitées une fois que la société est devenue ouverte.
Établissement des états financiers vérifiés
Un prospectus doit généralement comporter l'état des résultats, l'état des bénéfices non répartis et l'état de l'évolution de la situation financière pour cinq exercices. Ces états doivent être établis conformément aux principes comptables et aux normes de vérification généralement reconnus au Canada.
La préparation d'états financiers répondant à ces exigences au cours des exercices qui précèdent la décision de faire appel public à l'épargne évite d'avoir à refaire plus tard des états financiers pour cinq exercices et à les faire vérifier.
Les vérificateurs devraient idéalement être ceux dont les services seront retenus lorsque l'entreprise sera une société ouverte.
Mise sur pied de systèmes d'information appropriés
Les systèmes d'information maison habituellement utilisés par les sociétés fermées ne conviendront pas à une société ouverte.
Des systèmes et des procédures appropriés pour répondre aux obligations en matière d'information financière d'une société ouverte doivent être conçus et mis sur pied avant l'appel public à l'épargne.
Élaboration d'un plan d'entreprise
Un plan d'entreprise préparé longtemps avant la transformation en société ouverte peut s'avérer utile pour établir des contacts avec des courtiers éventuels et pour obtenir d'autres types de financement. Il peut aussi servir d'outil de gestion et d'ébauche à certaines parties du prospectus.
Le plan d'entreprise peut comprendre une description des activités, une analyse du marché de la société, une description de ses produits, de sa stratégie, de la structure de sa direction, de l'information financière et une description de ses besoins financiers.
Sélection de divers conseillers
Le recours à un cabinet comptable (à un associé en vérification) connaissant le domaine des valeurs mobilières facilite le processus du placement et peut réduire le temps que les avocats doivent consacrer aux questions comptables relatives au prospectus.
La participation des vérificateurs dès les premières étapes peut faciliter le choix de faire l'appel public à l'épargne, notamment en ce qui a trait à l'évaluation des avantages et des désavantages d'une telle démarche ainsi qu'aux considérations portant sur les autres sources de financement.
Les vérificateurs peuvent aussi participer à la mise sur pied de systèmes d'information.
Le cabinet juridique retenu jouera un rôle prépondérant au chapitre de la préparation du prospectus et des autres questions relatives à l'appel public à l'épargne. En raison de l'étendue du rôle des conseillers juridiques, il vaut mieux avoir recours à un cabinet habitué aux appels publics à l'épargne et qui dispose d'une grande expérience des valeurs mobilières.
Dans le cas d'une société fermée inconnue des analystes financiers, le recours à un cabinet de relations publiques spécialisé en finances peut faciliter l'établissement de l'image de l'entreprise ainsi que la préparation de la tournée de promotion.
Création d'une image de l'entreprise
Il faut doter la société d'une image convenable pour une société ouverte qui représentera fidèlement l'état des affaires de la société.
Ceci doit être fait avec circonspection et, en grande partie, bien avant la transformation en société ouverte, en raison des interdictions de stimuler artificiellement le marché en prévision d'un appel public à l'épargne.
Il faut penser au classement industriel possible de la société (par ex. selon le type dominant de clients, la technologie utilisée, la nature des produits) et à la façon dont les investisseurs évaluent les différentes industries.
Il faut aussi penser à rédiger une brochure sur l'entreprise et à inclure les analystes en placements ainsi que la presse d'affaires sur les listes d'envoi des bulletins d'information. Bien qu'une société fermée puisse mener ses affaires sous le sceau de la confidentialité, rien ne l'oblige à le faire.
Sélection d'un courtier
Avant d'entreprendre la transformation en société ouverte, il peut être utile d'établir une relation avec un ou plusieurs courtiers en valeurs mobilières, notamment pour examiner d'autres méthodes de financement.
On doit tenir compte des facteurs suivants dans l'évaluation d'un courtier, et particulièrement d'un chef de file, pour un placement précis:
Structure de l'entreprise
Au lieu de transformer la totalité d'un groupe en une société ouverte, il peut être souhaitable de se restreindre à certaines de ses unités opérationnelles. La décision peut dépendre en partie du rendement financier historique et des perspectives de croissance des différentes unités, et de l'opinion qu'ont les marchés financiers des différentes industries dans lesquelles elles évoluent. À cet effet, il peut s'avérer souhaitable de restructurer la société ou de transférer des éléments d'actif entre les unités du groupe. Le transfert d'éléments d'actif pourrait nécessiter une évaluation par des tiers indépendants.
La société ouverte doit être une entité autonome viable; elle doit exercer ses activités sans l'aide des sociétés fermées du groupe.
Il faut tenir compte des conséquences fiscales et comptables de la transformation en société ouverte d'une société de portefeuille ou d'une autre unité. Si la structure d'une société fermée a été établie à des fins fiscales, une restructuration peut s'avérer nécessaire pour créer une société ouverte appropriée.
Bien que cela soit devenu moins important au cours des dernières années en raison des changements aux lois en cause, certains investisseurs institutionnels sont en général restreints à l'achat de titres (des " valeurs de premier ordre ") qui répondent à certains critères. Il peut être très intéressant pour une société ouverte d'émettre des titres qui sont des valeurs de premier ordre et donc admissibles aux fins de placements pour ces investisseurs. On peut acheter une société inactive qui réponde à ces critères.
Si, par le passé, les actionnaires d'une société fermée n'ont pas, ou à peu près pas, touché de bénéfices, il y aurait sans doute lieu de leur verser un dividende important avant l'appel public à l'épargne. Ceci peut se faire au moyen d'un endettement raisonnable.
Il peut être souhaitable de régler les prêts et les emprunts des actionnaires ou de la direction avant l'appel public à l'épargne.
Il peut aussi être souhaitable d'autoriser la création de catégories supplémentaires d'actions (comme des actions privilégiées), même si on ne prévoit pas émettre d'actions d'autres catégories dans un avenir rapproché.
Les articles et les règlements de la société doivent être révisés pour en vérifier la pertinence pour une société ouverte.
Administrateurs externes
On doit nommer des administrateurs externes, i.e. ni employé, ni dirigeant de l'entreprise ou d'une filiale, qui seraient jugés acceptables par les investisseurs éventuels. Une assurance-responsabilité à l'intention des administrateurs et des dirigeants peut aussi s'avérer nécessaire.
Des comités de rémunération et de vérification peuvent être constitués. Chacun doit comprendre une majorité d'administrateurs externes.
Outre les exigences minimales prévues dans les lois corporatives, les règles des Bourses de Montréal et de Toronto prévoient que toute société canadienne inscrite à l'une ou l'autre de ces bourses doit divulguer ses propres règles de régie interne et les comparer à celles adoptées par les Bourses.
Une de ces règles prévoit que le conseil d'administration doit être composé d'une majorité d'administrateurs non reliés, i.e. indépendant de la direction ou du management de la société.
Établissement et révision de contrats et régimes d'options d'achat d'actions
Certain contrats devront être rédigés et d'autres révisés :
Avis. L'information présentée ici est de nature générale et est mise à votre disposition sans garantie aucune notamment au niveau de son exactitude ou de sa caducité. Cette information ne doit pas être interprétée comme constituant des conseils juridiques. Si vous avez besoin de conseils juridiques particuliers, vous devriez consulter un avocat.
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