Le présent texte constitue un ouvrage de référence faisant partie intégrante de la "Banque de textes juridiques historiques" du Réseau juridique du Québec.
L'information disponible est à jour à la date de sa rédaction seulement et ne représente pas les changements législatifs et jurisprudentiels en vigueur depuis sa rédaction.
Johanne Daniel, avocate, Bélanger Sauvé, Montréal
Contenu
Êtes-vous une victime potentielle du bogue de l'an 2000 ?
Quelques conseils pratiques, en bref...
On a tous entendu parler de ce sujet à la mode et des histoires d'horreur dont il recèle. Notre but n'est pas de vous enterrer avec une série de scénarios les plus abracadabrants les uns que les autres. Notre objectif est plutôt de vous proposer des informations pratiques qui vous permettront de savoir si vous êtes une victime potentielle du fameux bogue pour ensuite vous transmettre une marche à suivre pour s'attaquer aux problèmes qui auront été identifiés.
Êtes-vous une victime potentielle du bogue de l'an 2000 ?
Par exemple, votre entreprise utilise-t-elle :
Avant de prendre panique et de s'imaginer que tous nos
systèmes informatisés flancheront d'un seul coup
au passage de l'an 2000, il faut d'abord vérifier s'ils
ont ou non été conçus pour assurer ce passage
sans difficulté. Mais avant tout, il faut évidemment
en faire l'inventaire...
Parmi les produits identifiés plus haut, on retrouve,
d'une part, les logiciels proprement dits et, d'autre part,
les pièces d'équipement comprenant des composantes
pré-programmées ou programmables. Nous verrons
que pour déterminer la marche à suivre, il faut
faire certaines distinctions selon le type d'équipement
électronique dont il s'agit.
Examinons d'abord la situation des logiciels. La plupart des
logiciels sont acquis en vertu d'un contrat de licence avec
le fabricant du logiciel qui en décrit les conditions
d'utilisation. Parmi ces conditions, on retrouve souvent un
engagement de l'utilisateur à ne pas reproduire le programme,
ni le décompiler, le modifier ou l'adapter sans autorisation
préalable du titulaire des droits sur celui-ci. Le contrat
peut également indiquer que le logiciel renferme des
secrets de commerce ou des données confidentielles qui
ne doivent pas être révélées par
l'utilisateur. Dans de telles circonstances, l'entreprise qui
voudrait faire modifier ou même faire examiner ses logiciels
par quelqu'un d'autre que le propriétaire des droits
sur le logiciel ou sans l'autorisation de ce dernier s'exposerait
à des poursuites en violation de la part de ce dernier.
Par ailleurs, l'entreprise peut être signataire d'un contrat
de maintenance ou d'entretien de ses logiciels et les mises
à jour offertes en vertu de ces contrats pourraient être
interprétées de façon à inclure
le passage à l'an 2000.
Il est donc important pour les dirigeants de l'entreprise de
bien comprendre la teneur des contrats d'acquisition de ses
logiciels avant de confier à qui que ce soit la tâche
de faire vérifier ou corriger ceux-ci.
Mais, direz-vous, est-ce si nécessaire de passer en revue
nos contrats ? Ne pourrait-on pas tout simplement conclure que
le fabricant d'un logiciel devrait en garantir le bon fonctionnement
? À cet égard, nous vous référons
à l'article de Me Yves Robillard traitant le sujet de
la responsabilité du fabricant.
À un autre point de vue, n'existe-t-il pas une exception
en vertu de la Loi sur le droit d'auteur permettant de
faire des adaptations techniques au programme d'ordinateur sans
autorisation ?
Cette loi contient en effet une disposition selon laquelle le
propriétaire légitime d'un exemplaire d'un logiciel
peut, sans permission du titulaire des droits, convertir, adapter
ou modifier celui-ci en vue d'en assurer la compatibilité
avec un ordinateur donné. Malheureusement, selon nous,
cette exception ne vise pas les adaptations destinées
à assurer la compatibilité d'un logiciel avec
une donnée externe telle que l'arrivée de l'an
2000. Il s'agit-là d'une difficulté de programmation
qui n'est pas associée à un type d'équipement
en particulier mais bien à tout logiciel ou équipement
programmé dont le fonctionnement dépend de données
temporelles.
Quant aux pièces d'équipement incluant des composantes
informatiques pré-programmées, qu'il s'agisse
d'un télécopieur, d'un système téléphonique
ou autre, leur achat ne s'accompagne généralement
pas d'un contrat se rapportant à l'utilisation des composantes
informatiques. D'ailleurs, celles-ci sont habituellement incorporées
dans des micro-plaquettes à semi-conducteurs ou circuits
intégrés. Afin de savoir si de telles composantes
électroniques sont conçues pour fonctionner dans
le nouveau millénaire, il faut s'enquérir auprès
du fournisseur de la pièce d'équipement en question.
Aux États-Unis, le gouvernement américain a décrété
que les fabricants d'équipement doivent assumer la responsabilité
du passage vers l'an 2000 et offrir gratuitement le matériel
de remplacement des composantes informatisées incorporées
dans cet équipement. Les seuls frais devraient donc,
dans ce cas, être associés à la main d'oeuvre
pour l'exécution des travaux d'installation du nouveau
matériel.
En ce qui concerne les pièces d'équipement munies
de composantes programmables au sein du système d'opération
d'une machine de production, il faut s'en remettre au contrat
de vente, de licence ou de service, selon le cas, entre l'entreprise
et le fabricant ou le fournisseur de la machine afin de connaître
l'étendue de la garantie offerte sur les différentes
composantes, y compris le passage vers l'an 2000.
Qu'importe le type de produits informatiques dont il s'agit,
les fabricants ont intérêt à ce qu'ils fonctionnent
correctement. D'ailleurs, le degré de sensibilisation
au problème du "bogue de l'an 2000" est tel que plusieurs
fabricants devraient avoir mis en place des plans de redressement
en vue d'offrir à leur clientèle une solution
efficace et abordable pour assurer la transition.
Nous conseillons finalement de bien surveiller les frais qui
vous seront demandés pour corriger vos logiciels. Dans
des situations d'urgence d'une telle envergure, il y a toujours
des cas d'abus... on se rappellera la tempête de verglas
et de l'escalade du prix du bois de chauffage ! Certains systèmes
informatiques peuvent être corrigés en un tournemain
tandis que d'autres nécessitent des opérations
plus complexes. De plus, les composantes peuvent être
offertes gratuitement tandis que le service sera payant. Il
est donc important de s'informer afin de distinguer les travaux
qui sont réellement nécessaires pour assurer la
transition à l'an 2000 de ceux qui vous sont offerts
"en supplément". À ce sujet, il est également
recommandé d'examiner les contrats d'assurance de l'entreprise
car selon le type de police, ceux-ci pourraient couvrir les
frais associés aux corrections des systèmes informatisés
ou à ceux déboursés en cas de problèmes.
Quelques conseils pratiques, en bref...
À toutes les entreprises qui cherchent à
être rassurées, nous vous conseillons la démarche
suivante :
1. procéder à l'inventaire de votre parc d'équipement
électronique ou informatique (quincaillerie et logiciels)
2. Identifier et contacter les fabricants de cet équipement
3. Demander et obtenir une réponse de tels fabricants.
Exemples de réponses possibles du fabricant :
Le bogue de l'an 2000 peut engendrer des conséquences graves pour votre entreprise. Il est conseillé d'y accorder une attention particulière en effectuant d'abord l'inventaire de vos équipements à risque : les logiciels et les pièces d'équipement qui comprennent des composantes programmables ou pré-programmables. Ensuite, il est judicieux de faire la liste de vos fabricants ou fournisseurs, de vous informer de leur préparation. Enfin, il est approprié d'examiner vos contrats d'assurance.
À jour au 21 mars 1999
Avis. L'information présentée ici est de nature générale et est mise à votre disposition sans garantie aucune notamment au niveau de son exactitude ou de sa caducité. Cette information ne doit pas être interprétée comme constituant des conseils juridiques. Si vous avez besoin de conseils juridiques particuliers, vous devriez consulter un avocat.
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